Le tarif des jeux vidéo grimpe, les débats s’enflamment… et pourtant, pour Shuhei Yoshida, figure historique de l’univers PlayStation, jamais le jeu n’a été aussi accessible. Dans un contexte où les prix frôlent parfois les 100 euros, l’ex-dirigeant de Sony Interactive Entertainment Worldwide Studios livre une lecture étonnamment optimiste de la situation.

Un marché en mutation, des prix sous tension

Avec l’arrivée de la nouvelle génération de consoles, les repères tarifaires ont basculé. Ce qui était autrefois un plafond devient aujourd’hui la norme. Le palier symbolique des 70 euros a été franchi, celui des 80 semble désormais s’installer. Nintendo, en précurseur provocateur, a même tenté une percée à 90 euros avec Mario Kart World sur sa future console. De leur côté, des éditeurs comme Capcom, Take-Two ou encore Sony évoquent, sans trembler, des productions à trois chiffres pour leurs futures superproductions.

L’exemple le plus cité ? GTA 6, bien sûr, dont la sortie approche et qui incarne toutes les interrogations autour de ces nouveaux standards économiques. Mais au lieu d’allumer un contre-feu, Shuhei Yoshida prend le contre-pied.

Une vision différente de la valeur vidéoludique

Interrogé sur le podcast Kit & Krysta, Yoshida n’a pas nié la hausse des tarifs. Mais selon lui, le jeu vidéo reste plus abordable que jamais. Pourquoi ? Parce que la diversité des offres n’a jamais été aussi large, et que le rapport qualité/prix, selon les expériences, peut être incroyablement favorable.

Il cite Mario Kart 8 comme exemple :

“un seul achat, des années d’amusement, parfois complété par quelques contenus additionnels… mais globalement, une rentabilité exceptionnelle en heures de divertissement par euro dépensé. Pour lui, chaque joueur est libre de juger si l’investissement vaut le coup ou non.”

Plus encore, Yoshida insiste sur la nécessité d’un écosystème de prix flexibles. Tous les jeux ne devraient pas afficher la même étiquette. Certains projets plus modestes peuvent parfaitement exister à 40 ou 50 euros, et ce pluralisme tarifaire, selon lui, est vital pour préserver la richesse du secteur.

Abonnement, free-to-play, indépendants : les nouveaux visages du jeu accessible

L’ancien cadre de Sony rappelle également un point crucial : avec l’essor des modèles alternatifs : jeux gratuits, abonnements à la Netflix, explosion de la scène indé, les joueurs n’ont jamais eu autant de liberté de choix, tant sur le type d’expériences que sur les sommes à y consacrer.

Pour Shuhei Yoshida, cette décennie a radicalement démocratisé l’accès au jeu. Le free-to-play a redéfini la notion d’entrée dans un univers, les services comme le Game Pass ou le PS Plus Extra offrent des catalogues pléthoriques pour quelques euros par mois, et les studios indépendants proposent des récits et mécaniques innovants pour une fraction du prix d’un blockbuster.

Vers une consommation à la carte

Son discours, en creux, s’oppose aux critiques frontales entendues ailleurs dans l’industrie. Là où certains cadres comme Randy Pitchford (GearboxBorderlands 4) évoquent les “vrais fans” prêts à payer sans broncher, Yoshida préfère une approche plus nuancée : le joueur, selon lui, est seul juge de ce qu’il estime juste de dépenser.

Cette posture n’élude pas les tensions qui montent dans la communauté, mais elle tente de replacer la valeur dans une perspective plus large. Le jeu vidéo, dit-il en substance, ce n’est pas qu’un prix sur une boîte : c’est un éventail d’expériences, d’entrées, de durées… et surtout de choix.